Mon ChallengeAZ 2022 a pour fil conducteur Louis Camille Jean, mort pour la France en 1915, dont j’ai trouvé le diplôme d’honneur lui rendant hommage (voir Des ampoules mais pas que!). Il rend compte des informations le concernant que j’ai trouvées ici et là. J’espère ainsi faire sortir Louis Camille de l’oubli et qu’il revive dans les mémoires.
A l’automne 1914, le 281e régiment d’infanterie est en Artois et se positionne à proximité du village de Vermelles. Celui-ci est situé au cœur du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, entre Béthune et Lens. Aux alentours du village, se trouvent des mines à charbon ou fosses qui sont exploitées depuis les années 1860.
Début octobre 1914, les Allemands occupent Vermelles. Ils s’organisent pour tenir le village et dans le même temps continuent leur progression. La 131e brigade dont fait part le 281e régiment d’infanterie a pour mission d’arrêter cette progression et reprendre Vermelles. L’assaut est donné le 14 octobre. Les combats vont durer près de 2 mois. Petit à petit, le village est encerclé et début décembre, les Allemands abandonnent la lutte. Vermelles est repris et la ligne de front se trouve désormais au nord-est du village.
Mi-décembre 1914, le 281e RI prend position dans les tranchées situées au niveau de la route de Lens à Bethune à environ 200 m des Allemands. Jusqu’au printemps 1915, ils creusent et améliorent leur progression en direction du camp adverse. Début mai, ,le général Joffre, qui est le commandant des armées françaises, décide de lancer une grande offensive. Le but est de reprendre la colline de Notre-Dame-de-Lorette et la crête de Vimy, situées au sud de Vermelles. L’objectif final est d’atteindre Douai puis la frontière belge afin d’encercler l’ennemi. Dans le même temps, un assaut sur le village de Loos, dont le 281e RI doit prendre part, servira de diversion pour désorganiser les Allemands et percer leurs lignes.
L’ordre d’attaquer est donné le 9 mai à 10 heures. Les soldats des 21e et 22e Compagnies se lancent à l’assaut mais sont rapidement arrêtés par le feu nourri des mitrailleuses allemandes. Néanmoins, dans l’après midi, des soldats de la 17e Compagnie arrivent à prendre pied dans une tranchée ennemie. Toutefois, après avoir combattu jusqu’au soir et ne pouvant la maintenir, ils regagnent les lignes françaises à la faveur de la nuit. Le bilan de cette journée est pour le 281e RI de 13 morts, 65 blessés et 8 disparus. Le lendemain, le régiment a l’ordre de se replier et de laisser leur place au 142e RI territorial. Ils doivent alors se placer en réserve à la fosse N°7 située le long de la route de Lens à Béthune. Le mouvement de repli débute à 9 heures 30 pour terminer vers 13 heures. Ce jour-là, le régiment ne compte que 5 blessés.
Le 11 mai, le 281e RI passe sous le commandement de la 84e Brigade. Il reçoit l’ordre de prendre les armes immédiatement et de se diriger vers les tranchées occupées la veille en vu d’un nouvel assaut.A 13 heures 30 les unités sont en place. Les 19e, 20e, 22e et 24e compagnies sont dans le boyau 78 tandis que les 17e, 18e, 21e et 23e compagnies occupent le boyau 81.
La journée va être rude pour les soldats français. En effet, des renforts allemands sont arrivés en grand nombre et ils vont opposer aux troupes françaises une vive résistance. A 14 heures, le commandant Pagès fait sonner la charge et s’élance sabre à la main à la tête de la 18e compagnie sous le feu ennemi. La compagnie est décimée tout en arrivant à proximité des tranchées allemandes. S’ensuivent alors, toutes les 45 minutes, le temps de se placer dans les tranchées, les assauts successifs des 17e, 19e, 20e et 23e compagnies. Malgré des attaques vigoureuses, les soldats sont fauchés à la sortie des tranchées par les mitrailleuses allemandes du fait d’une trop grande distance entre les 2 lignes de front. Les hommes chargés de garder les tranchées assistent impuissants aux efforts des combattants et à leur massacre. Vers 19 heures, le lieutenant-colonel de la 24e compagnie reçoit l’ordre de repartir à l’attaque. Celui-ci préconise alors à la 21e et la 24e de profiter de l’obscurité et des tirs de l’artillerie française pour progresser vers les lignes ennemies. Mais les Allemands tirent des fusées éclairantes et la 21e compagnie est à son tour décimée. Il est 22 heures 55 quand ce qu’il reste du 281e régiment d’infanterie retourne vers la fosse N° 7.
Au bout du compte, la commune de Loos n’est pas reprise et ne le sera pas avant l’automne 1915. Entre mai et octobre 1915, des centaines de corps des 2 bords vont joncher le « no man’s land », zone située entre les tranchées françaises et allemandes. Le corps de Louis Camille est probablement parmi eux. A quel moment sa dépouille a-t-elle été identifiée et enterrée avant de rejoindre la nécropole nationale de notre-Dame-de-Lorette? Une question qui restera vraisemblablement sans réponse.
Pour en finir avec l’offensive décidée par le général Joffre, le résultat de celle-ci est plutôt mitigé. En effet, l’armée française a bien reconquis du territoire mais l’objectif de reprendre la crête de Vimy est un échec. De plus, le bilan humain est terrible, puisqu’on dénombre près de 102 000 hommes tués, blessés ou portés disparus.
Dans la journée du 9 mai, la 22e compagnie a fait 3 prisonniers allemands. Cela devait être le cas aussi de l’autre côté. Une indication pour la lettre à suivre…
Sources & crédits
Artois ballade – La bataille de Loos : 9 mai 1915
Géoportail
Wikipédia – Vermelles
Gallica – Histoire de la guerre par le Bulletin des Armées N° 5
Gallica – Excelsior du 31 décembre 1914
Mémoire des Hommes – 26 N 738/1 Journal des marches et opérations du 281e RI 13 août 1914-12 mars 1915
Mémoire des Hommes – 26 N 738/2 Journal des marches et opérations du 281e RI 13 mars 1915-29 mars 1916
Gallica – Le 281e régiment d’infanterie en campagne
Focus 1914-1918 Loos-en-Gohelle
Les récits de cette guerre me laissent toujours triste et perplexe… Pourquoi faire massacrer compagnie après compagnie dans des assauts perdus d’avance ?
Les donneurs d’ordres avaient sûrement une réponse à cette question mais pas sûr qu’elle nous plaise 😟
Ces listes interminables me glacent littéralement. Tout comme ces cimetières militaires que j’ai pu visiter, lorsque mon cerveau connecte qu’il y’a un gamin sous chaque croix, et que tu ne peux même pas les compter tellement il y en a.
Oui c’est impressionnant et d’une tristesse incommensurable 😞