Idiotie

Mon ChallengeAZ 2022 a pour fil conducteur Louis Camille Jean, mort pour la France en 1915, dont j’ai trouvé le diplôme d’honneur lui rendant hommage (voir Des ampoules mais pas que!). Il rend compte des informations le concernant que j’ai trouvées ici et là. J’espère ainsi faire sortir Louis Camille de l’oubli et qu’il revive dans les mémoires.

Dans le billet consacré à la lettre F, Fils et frère de…, nous avons vu que Louis Camille avait 3 grands frères. Joseph, Edmond et Jules qui sont nés respectivement en 1875, 1877 et 1881. De la même façon que notre Clarétain a été recensé à ses vingt ans, ses 3 aînés l’ont été aussi. Ainsi, Jules Nestor fait partie de la classe de mobilisation de 1901 et a 615 comme numéro matricule de recrutement.

Les informations de la fiche de Jules sont quasi identiques à celles de la fiche de Louis Camille. Il y a malgré tout une petite différence entre les 2 frères. Visiblement, contrairement à son cadet, Jules ne sait pas compter puisque son degré d’instruction générale est noté 1, 2. Toutefois, cela ne l’empêche pas d’être déclaré bon pour le service par le conseil de révision. Il est alors incorporé le 16 novembre 1902 dans le 15^e régiment d’infanterie cantonné à Carcassonne.

Jusque-là, rien d’anormal. C’est vrai, sauf que Jules ne va pas savourer longtemps la vie en caserne. Moins d’un mois après son incorporation, le 8 décembre 1902, il est réformé N°2 selon la décision de la commission spéciale de Carcassonne. Le motif de cette réforme : idiotie.

Je dois avouer que j’ai été choqué par ce mot. En effet, pour moi, il est synonyme de bêtise ou stupidité. Mais à l’époque, il avait un tout autre sens. C’était un terme utilisé en médecine et qui servait à désigner la forme la plus grave d’arriération mentale. Le sujet qui en était atteint, souffrait d’un profond déficit intellectuel, affectif, sensitif et moteur. A lire cela, on peut se demander comment Jules a pu être déclaré apte par le conseil de révision. Quoi qu’il en soit, l’idiotie était spécifiée comme une maladie des centres nerveux qui rendait impropre au service selon les instructions du 17 mars 1890 sur l’aptitude physique au service militaire.

Voila pourquoi Jules a été réformé. En raison de la prononciation d’une réforme définitive numéro 2 due à une infirmité provenant d’une maladie ne résultant pas du fait du service militaire obligatoire.

Mais cela ne s’arrête pas là pour Jules. Il est de nouveau convoqué au début de la guerre. En effet, le décret 7637 du 9 septembre 1914 va obliger les réformés et exemptés des classes précédentes à la classe 1915 à passer devant une commission de réforme. Celle-ci va alors statuer si Jules reste réformé, exempté, ou si, au contraire, il est jugé bon pour le service armé ou auxiliaire. Malgré cela, rien ne change. La décision de réforme N°2 est maintenue. Jules peut rentrer aux Embruscalles et retrouver ses proches. Après la mort de sa mère en 1927, il est probablement interné à l’asile des aliénés de Font-d’Aurelle, où il décède le 11 février 1942. En effet, Jules n’apparaît plus dans les recensements de 1931 et 1936 à la différence de l’aîné de la famille, Joseph Alexandre.

A demain, pour la suite des recherches avec la lettre J.

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Sources & crédits
La visite – Dessin de Gabard
Archives départementales de l’Hérault – Registre matricules classe 1901 1 R 1147 Vue 115/502
Gallica – Instructions du 17 mars 1890 sur l’aptitude physique au service militaire
Gallica – Commissions spéciales de réforme
Gallica – Bulletin des lois de la République Française 1914 N°133
Archives municipales de Montpellier – 3E156 Registre des actes de décès du 1 janvier 1942 au 8 juillet 1942 Vue 76