Mon ChallengeAZ 2022 a pour fil conducteur Louis Camille Jean, mort pour la France en 1915, dont j’ai trouvé le diplôme d’honneur lui rendant hommage (voir Des ampoules mais pas que!). Il rend compte des informations le concernant que j’ai trouvées ici et là. J’espère ainsi faire sortir Louis Camille de l’oubli et qu’il revive dans les mémoires.
Sans faire de discrimination du haut de mon mètre 88, je peux dire que les Jean est une famille de petite taille. Louis Camille mesure 1,55 m, Jules Nestor 1,58 m et Edmond Marius est un tout petit peu plus grand avec 1,61 m. Et l’aîné de la famille, Joseph Alexandre? C’est le plus petit de la fratrie avec… 1,53 m.
Etant l’aîné, Joseph Alexandre est le premier de la famille à répondre aux obligations militaires. En 1895, à ses 20 ans, il est recensé et début 1896, après avoir tiré le numéro 9, il se présente au conseil de révision. Le verdict tombe, il est ajourné pour « Défaut de taille ».
La taille minimale des militaires a varié au cours du temps. Selon l’ordonnance du 26 juillet 1701, Louis XIV l’avait fixée à 1,624 m. De 1799 à 1803, elle est réduite à 1,598 m, pour être abaissée à 1,544 m en 1804. Puis la loi du 10 mars 1818 la porte à 1,57 m et celle du 11 décembre 1830 va la faire redescendre à 1,54 m. C’est cette taille qui prévaut en 1895. Joseph est donc ajourné pour 1 cm.
Ajourné ne veut pas dire exempté. Joseph repasse devant le conseil de révision en 1897. Il n’a pas dû manger assez de soupe pendant l’année car il est toujours ajourné. Il revient de nouveau en 1898 pour que l’on statue enfin sur son sort! En effet, selon l’article 27 de la loi du 15 juillet 1889, le conseil de révision pouvait décider, 2 années de suite, l’ajournement des jeunes gens qui sont en dessous de la taille minimale de 1,54 m. Qui sait si les médecins militaires n’avaient pas l’espoir de les voir grandir pendant ce délai.
Ce n’est toujours pas le cas pour Joseph. Il est donc classé dans le service auxiliaire. Aux yeux de l’armée, son défaut de taille ne le rend pas absolument apte aux services de guerre,mais il peut être utilement employé à des services de seconde ligne ou de l’arrière.
Le 20 novembre 1914, Joseph est convoqué par la commission spéciale de réforme de Montpellier. Celle-ci doit se prononcer après examen, si Joseph est maintenu dans le service auxiliaire ou s’il passe dans le service armé. Cela fait suite au décret du 20 septembre 1914 relatif à la visite des hommes du service auxiliaire.
La commission statue. Joseph est classé dans le service armé. Il est affecté à la 16e section d’infirmiers militaires qu’il rejoint à Perpignan le 4 janvier 1915. Une section d’infirmiers militaires a pour but de fournir le service de santé militaire en infirmiers. Ceux-ci sont recrutés parmi les soldats qui savent lire et écrire, et reçoivent une instruction théorique et pratique. Les infirmiers militaires participent aux transport des blessés et sont contraints de monter en 1ère ligne. Adrien Gontran, infirmier dans la même section que Joseph, nous livre à travers son carnet de guerre journalier, un témoignage de son quotidien d’infirmier militaire.
Il est difficile d’établir le parcours d’un homme appartenant à une section d’infirmiers militaires. En ce qui concerne Joseph, on peut voir qu’il a fait des allers-retours entre la 16e section et la 15e, basée à Marseille, pendant toute la durée du conflit. Le 22 janvier 1919, il est libéré et retourne aux Embruscalles retrouver ses parents et son frère Jules.
Selon l’administration militaire, Joseph décède le 28 novembre 1921. Une erreur due à une homonymie ou alors Joseph a ressuscité! En effet, il est bien présent aux côtés de sa mère et de son frère Jules aux Embruscalles dans les recensements de 1926. Il y sera encore, mais seul cette fois dans ceux de 1931 & 1936. Il quitte réellement ce monde le 16 février 1942, 5 jours après Jules. Une petit plaque émaillée en forme de cœur dans le cimetière de Claret est là pour nous le rappeler.
Pour la lettre suivante, nous parlerons un peu d’argent. A demain pour le V.
Sources & crédits
Five Colleges and Historic Deerfield Museum Consortium – Honoré Daumier, Caricatures du Jour : Le Conseil de Revision
Archives départementales de l’Hérault – 1 R 1803 1895 Lodève – Montpellier – Saint-Affrique. Matricules 501 à 1000 Vue 325/643
Gallica – Loi du 15 juillet 1889. Traité pratique du recrutement et de l’administration de l’armée française
Gallica – Journal officiel de la République française du 29 septembre 1914
Généawiki – Section d’Infirmiers Militaires – 1914-1918
Archives départementales de l’Hérault – Archives de M. Michel Bandry : fonds Adrien Gontran. 109 PRI 1-3
Geneanet – Sauvons nos tombes. Cimetière communal de Claret
En effet ce n’est pas bien grand ! 😯
C’est le cas de le dire 😉
Le carnet de guerre de l’infirmier 🤗😍 J’adore ces témoignages on ne peut plus plus directs.
Oui on se rend compte ainsi de tout ce qu’ils faisaient. Un sacré travail !