Brèves d’infos est un journal éphémère créé spécialement pour le ChallengeAZ 2024. Il paraît tous les jours du mois de novembre 2024 sauf le dimanche. L’édito journalier porte sur un drame, un instant de gloire, un choix de vie ou un acte héroïque. Les protagonistes de ces moments sont la plupart du temps des cousin(e)s plus ou moins éloigné(e)s ou leurs conjoints. 26 numéros de Brèves d’infos qui mettent en avant des faits dans la vie de ces individus et qui passent inaperçus à la lecture seule des actes d’état-civil les concernant.
Alice Amandine Debout est une de mes arrières-grandes-tantes maternelles. En 1905, cela fait 5 ans qu’elle est mariée avec un tapissier décorateur. Le mariage est-il heureux? Je n’en sais rien, mais il bascule cette année-là. Au printemps, Alexandre Larchevèque, le mari d’Amandine, est arrêté par la maréchaussée et va être jugé pour un délit défini par l’article 330 du code pénal : attentat à la pudeur!
Alexandre est accusé d’outrage aux bonnes mœurs, comme on dit à cette époque, et je suis pratiquement sûr que vous aimeriez savoir ce qu’il a fait exactement. Malheureusement, je vais vous décevoir, car à ce jour, je n’en sais rien. En revanche, ce que je sais, c’est que son jugement est prévu le 3 avril, selon la rubrique «Chronique du Palais» parue dans le journal «La Loi» du 1ier avril 1905.
A l’issue du procès, Alexandre est condamné à un an de prison et est est écroué à Fresnes. Selon le fameux article 330 du code pénal, un outrage public à la pudeur est passible de trois mois à un an d’emprisonnement. Étant donné que notre exhibitionniste a écopé de la peine maximale, soit l’outrage était important, soit Me Dusart, son avocat, n’a pas réussi à plaider sa cause…
Après cet épisode dans la vie d’Alexandre ,on peut raisonnablement penser que cela a eu un impact sur son mariage avec mon arrière-grande-tante. Effectivement, même si je ne sais pas qui est à l’origine de la demande, le divorce entre Alexandre Larchevèque et Alice Amandine Debout est prononcé le 8 novembre 1909 dans le 11e arrondissement de la capitale. Ce jour-là, Alexandre est absent à l’audience et personne ne sait où il se trouve, ni où il habite. Ce n’est pas étonnant, il s’est reconverti à la photographie et parcourt depuis le sud de la France avec sa nouvelle compagne, Jeanne Estelle Dubost. Fait-il profil bas depuis son passage sous les barreaux? Oui et non! Plus d’attentat à la pudeur, en tout cas, mais quelques méfaits qui lui valent encore des démêlés avec la justice, comme en témoignent «L’express du Midi» et «Le réveil du Cantal» au printemps et à l’été 1909.
Une indélicatesse! Un terme relativement gentil dans l’entrefilet de «L’Express du midi» du 20 mars 1909, pour décrire ce qu’Alexandre et sa compagne ont fait, ou ont oublié de faire, à un hôtelier de Millau. Ils sont simplement partis sans régler 45 jours de pension et bien évidemment en omettant de laisser une adresse lors de leur arrivée dans l’hôtel. 4 mois plus tard, on retrouve le couple dans le Cantal à Mauriac, où cette fois, ils sont jugés pour vol. Toutefois, l’article paru dans «Le réveil du Cantal» du 10 juillet 1909, à ce sujet, est loin de les accabler. En effet, la vie du couple est décrite comme celle de personnages d’un roman de Victor Hugo ou d’Emile Zola. Le butin aussi peut prêter à sourire : une paire de gants, une cravate, 2 mouchoirs et un corsage. Il s’avère qu’Alexandre et Jeanne n’en étaient pas à leur coup d’essai, puisqu’une fourrure, des serviettes et une pince à sucre avaient été dérobés lors de leur passage dans l’Aveyron. Pendant le procès, Jeanne a beaucoup pleuré et les avocats ont su trouver les bons mots pour apitoyer les juges. Au bout du compte, nos 2 voleurs ont été condamnés à 47 jours de prison, dont seul Alexandre exécutera cette peine.
Par la suite, le couple s’installe à Saint-Calais dans la Sarthe où Alexandre reprend son métier de tapissier, puis retourne sur Paris où il se marie en 1912. Quelques jours après la mobilisation générale pour la Première Guerre mondiale, Alexandre est reformé pour cause de tuberculose. Il décède 2 ans plus tard à l’hôpital Saint-Antoine.
Sources & Crédits
Gallica – La Loi du 1ier avril 1905 page 257
Archives de Paris – D4R1 946 Fiche matricule d’Alexandre Larchevèque N° 464
Archives départementales du Val-de-Marne – 2Y5 7 Fresnes Prison des hommes Répertoire général n°7 1904 (août) – 1905 (juillet) vue 17/48
Gallica – Code pénal, édition de 1810 page 81
Gallica – L’Express du Midi du 20 mars 1909
Gallica – Le Réveil du Cantal du 10 juillet 1909 page 2
Un sacré personnage !!! Je me demande ce qu’il a bien pu faire pour écoper d’un an de prison tout de même…
J’avais prévu d’aller aux AD pour retrouver le jugement mais il y eu d’autres contraintes 😪 ce n’est que partie remise avec si je trouve quelque chose un billet la dessus 😊
Même curiosité pour moi… écoper de la peine maximale, l’affaire d’outrage aux mœurs devait être sérieuse.
Si je m’y étais pris plus tôt pour le challenge, j’aurais peut-être eu la réponse mais qui sait après le challenge 😉
Il va falloir enquêter tout le monde veut savoir !! 😁
Trop dispersé avant le début du challenge, peut-être un peu moins après 🤣
Super !!!
N’est-ce pas ? 🤣
Du coup je veux savoir !
Moi aussi à vrai dire 😅
On trouve vraiment de tout dans nos familles !
On minimise en se disant que c’est une pièce rapportée 🤣
Cela me rappelle mon Pierre Henry
Un outrageux lui aussi ?
Quel cursus pour ce loustic
Oui, un sacré palmarès. Mais il s’est calmé par la suite 😉
Quand je vois le titre, forcément je clique et je lis !! Quel phénomène !! Hâte de découvrir les motifs de sa peine !!
Et quelle vie !!
J’espère vraiment trouver pour pouvoir contenter tout le monde 😅
Ha le drôle de lascar !
C’est le cas de le dire 😉
Quelle histoire, ce cul à l’air !
Et j’espère qu’on aura le mot de la fin 😅
Voila un titre bien choisi pour la lettre C !
Oui celui-ci m’a bien fait rire et permet d’être un peu plus léger par rapport à d’autres faits divers 🙂