Brèves d’infos est un journal éphémère créé spécialement pour le ChallengeAZ 2024. Il paraît tous les jours du mois de novembre 2024 sauf le dimanche. L’édito journalier porte sur un drame, un instant de gloire, un choix de vie ou un acte héroïque. Les protagonistes de ces moments sont la plupart du temps des cousin(e)s plus ou moins éloigné(e)s ou leurs conjoints. 26 numéros de Brèves d’infos qui mettent en avant des faits dans la vie de ces individus et qui passent inaperçus à la lecture seule des actes d’état-civil les concernant.
L’eau de feu, un terme que j’ai découvert dans ma jeunesse en lisant Lucky Luke et qui était employé par les Indiens pour parler du whisky ou d’un alcool fort. L’eau de feu est aussi le nom donné au liquide utilisé par les cracheurs de feu et qui est un dérivé du pétrole. Antoinette Lodoïska Henry, l’épouse d’une lointain cousin, a réuni, par une dramatique coïncidence, les 2 significations de ce terme lors de l’accident qui lui a coûté la vie en mai 1876.
Antoinette est ce qu’on appelle une «invisible» en généalogie. Elle est restée dans l’ombre et certains pourront dire qu’elle a vécu une vie tout à fait ordinaire, sans destin particulier. Ce n’est pas faux. Son existence sur cette terre peut se résumer à 3 évènements : sa naissance, son mariage et son décès. Mais c’est aussi le cas de nombreuses personnes! Toutefois, cette notion d’invisibilité devient beaucoup plus flagrante, quand le bref article, paru dans «Le Courrier de Versailles» du 18 mai 1876 et décrivant les circonstances de son décès, ne mentionne jamais son nom et la réduit à l’état de femme de…
Rendons-la visible, au moins, le long de cet article. Antoinette Lodoïska est née en Champagne, le 1ier mars 1845 à Reims. Elle est le deuxième enfant de Charles Désiré Henry, qui est fondeur en cuivre et de son épouse Marie Catherine Andrieux, mariés à Sugny dans les Ardennes en 1840. Comme beaucoup à cette époque, le couple quitte la province pour s’installer à Paris, où la fratrie d’Antoinette s’agrandit avec 2 frères et 2 sœurs. Le 28 mai 1866 à la marie du 17e, elle épouse Charles Louis Bemelmans, résidant à Boissy-Saint-Léger, en Seine-et-Oise, et qui exerce la profession d’huissier. Même si cela peut paraître infime, Antoinette laisse une trace à cette occasion en apposant une belle signature au bas de son acte de mariage.
Évidemment, Antoinette quitte Paris pour suivre son mari qui vit à Boissy-Saint-Léger et partagera, à partir de ce moment, leur logement avec les différents clercs de son époux. Il semble qu’aucun enfant ne soit venu agrandir la famille formée par Charles et Antoinette.
Le vendredi 12 mai 1876, Antoinette est visiblement seule. Elle consomme de «l’eau de feu» et se retrouve ainsi dans un état d’ébriété avancé. Sa chambre est éclairée par une lampe à pétrole et manquant probablement de lucidité, elle tente de remplir celle-ci avec une autre «eau de feu». Son ivresse lui fait renverser la lampe qui en tombant embrase son lit et ses vêtements. Cherchant à s’enfuir, Antoinette chute dans l’escalier et se retrouve dans l’incapacité de se relever. Les voisins, alertés par la lueur de l’incendie, viennent lui porter secours. A l’aide de seaux d’eau, ils éteignent les flammes qui la brûle ainsi que celles sur son lit. Malheureusement et malgré les soins prodigués par un médecin, Antoinette succombe à ses brûlures. Une bien triste fin causée par les méfaits de l’alcool pour Antoinette Lodoïska. Elle n’avait que 31 ans!
Sources & Crédits
Archives départementales des Yvelines – Le Courrier de Versailles du 18 mai 1876
Archives départementales de la Marne – Naissances 18452 E 534/252 Vue 82/407
Geneanet – René Albert (enertrebla)
Archives de Paris – V4E 2038 Acte 332
Archives départementales du Val-de-Marne – Recensement 1866 6M 2 Vue 13/41
Archives départementales du Val-de-Marne – Recensement 1872 6M 2 Vue 14/37
Wellcome Collection – An alcoholic man with delirium tremens on his deathbed, surrounded by his terrified family – Burnand, Eugène, 1850-1921.
Ohh non la pauvre Antoinette !
Une bien triste histoire 😥
C’est bien triste… Morte brûlée vive, ça fait frémir.
C’est ce que j’ai ressenti en découvrant l’article 😱
Epouvantable fin de vie. Triste histoire
Les mots sont tout à fait justes
Rester « invisible » ou mourir dans d’atroces souffrances… Terrible fin pour la pauvre Antoinette 😔
Oui le mieux aurait été que je trouve rien sur elle 😪
Belle affiche saisissante et tout à fait adaptée !
Oui cela m’a rappelé des messages que l’on entendait dans les années 70
J’allais écrire « quel plaisir de lire ce challenge » – ce qui peut paraître incongru au regard des histoires bien tristes qui y sont narrées.
Mais oui, c’est un plaisir de lecture : l’humour des titres, la mise en page, les bio express, la narration fluide et la richesse des sources et de l’iconographie.
Merci beaucoup pour ces Brèves !
Merci Marthe 😊C’est vrai qu’il y a des moments où je peux ressentir un sentiment de culpabilité en me servant de ces moments dramatiques 😒
Quelle atrocité de finir sa vie de cette manière ! Pauvre Antoinette !
Oui cela fait froid dans le dos 😰
Triste, mais hélas vrai !
Malheureusement…
Sans parler du fond de ce billet, qui est une mort brutale et douloureuse, il faut souligner les belles infographies et une sortie de l’oubli d’une malheureuse invisible
C’est presque un devoir de mémoire
J’ai une collatérale, plus âgée qu’Antoinette, qui a péri brûlée vive aussi. C’est atroce.
Quant à l’invisibilisation des femmes, certains journaux actuels la pratiquent toujours… (et se font vite remettre en place, heureusement).
C’est vrai qu’on a un peu évolué mais il reste du chemin…
Décidément vous ne nous épargnez rien …. Encore un fait-divers raconté avec brio. On en redemande.
Et ce n’est pas fini 😉
Encore un beau titre, mais en avançant dans la lecture le récit devient glaçant.
Et pourtant il y a du feu 😥
« à éteindre avec quelques sceaux d’eau »… En 1876, on faisait déjà des fautes d’orthographe dans la presse !
En tout cas, bel article pour rendre visible cette pauvre femme !
LM
Honte à moi, je n’avais même pas fait attention à cette faute ou coquille 🤔
J’ai une autre Lodoïska sur mes branches. Une institutrice, dont j’ai perdu la trace, pour l’instant.
Quel joli prénom n’est-ce pas ?
Oui je trouve et de mémoire je n’ai plusieurs dans l’arbre familial 😊
La femme invisible, tout à fait cela. Rappelons nous que les faire-part de décès il n’y a pas si longtemps indiquait Mme Roger X, ou Mme Albert Y, faisant disparaitre la personne….
Bel article
Je n’ai jamais vraiment compris cette façon de nommer mais il est vrai qu’elle perdure encore 😔