Sophie Boudarel du blog La gazette des ancêtres n’est jamais en panne d’idées. Elle nous propose pour le mois d’avril un nouveau défi. Nous devons (essayer de) répondre, chaque jour à une question, d’après une liste qu’elle a établie, concernant un ancêtre de notre choix.
Le choix est cornélien! Mais je dois reconnaitre qu’il y en a un qui s’impose presque naturellement. Il s’agit d’Adolphe Bernard Louis Valton, mon arrière-grand-père ou le sosa 22 de mes enfants, car c’est celui sur lequel j’ai le plus de documents (je choisis la facilité!). Pour certains, son visage ne vous est pas inconnu, car il me représente sur Twitter. De plus, j’ai déjà eu l’occasion de parler brièvement de lui lors du dernier ChallengeAZ (2019) pour la lettre D : De la chair à canon.
Les 15 premiers jours
Jour 1 : Sa naissance
Jour 2 : Son mariage
Jour 3 : Le déroulement de son mariage
Jour 4 : Son décès
Jour 5 : Son passé militaire
Jour 6 : Adolphe dans la presse
Jour 7 : L’histoire et Adolphe
Jour 8 : Son niveau d’instruction
Jour 9 : Son environnement géographique
Jour 10 : Ses déplacements
Jour 11 : Ses moyens de déplacements
Jour 12 : Son premier métier
Jour 13 : Ses autres métiers
Jour 14 : Adolphe dans les recensements
Jour 15 : Le parler de sa région
1 – Sa naissance
Adolphe Bernard Louis Valton est né le 11 mars 1876 à 11 heures du soir au domicile des ses parents au 5 rue de Seine à Choisy-le-Roi. Il est le fils de René Valton, âgé de 35 ans et de Hermance Julie Corne, âgée de 25 ans. Lui est chapelier et elle est déclarée sans profession. Il est écrit dans l’acte qu’ils se sont mariés en 1870 au Mans.
René fera la présentation d’Adolphe et la déclaration de sa naissance 2 jour plus tard, le 13, à la mairie. Est présent à cette occasion, François Campistron, chapelier, âgé de 50 ans, demeurant 179 rue de Charenton à Paris, ainsi qu’Etienne Jamet, aussi chapelier, résidant Choisy-le-Roi. On reste dans la communauté des chapeliers!
Adolphe a-t-il été baptisé? Je ne sais pas et pour être honnête je n’ai pas (pour le moment) cherché à le savoir.
2 – Son mariage
C’est à la mairie du 11e arrondissement de Paris le 3 mai 1902 qu’est célébré le mariage d’Adolphe et de Jeanne Georgette Debout. Jeanne est couturière et est née à Paris 10e le 26 août 1877. Elle réside chez Louis Gilles Debout et Victoire Genty, ses parents au 14 rue Pierre Nys (actuellement rue Louis Bonnet). Adolphe est domicilié à la même adresse avec Hermance Julie Corne, sa mère, son père étant décédé. Les parents de Jeanne et la mère d’Adolphe sont présents et consentants à leur union.
4 personnes sont témoins de leur mariage. Camille Corne, âgé de 46 ans, résidant au 62 rue du Prè-Saint-Gervais, chapelier (oncle maternel d’Adolphe). Alexandre Larchevèque, âgé de 25 ans, domicilié aussi au 14 rue Pierre Nys, tapissier (Alexandre est l’époux d’Alice Debout, sœur cadette de Jeanne). Eugène Lemaire, habitant au même endroit, rentier de 63 ans. Et enfin, René Valton, employé, résidant au 11 rue Rochebrune, âgé de 28 ans (René est le frère ainé d’Adolphe).
3 – Le déroulement de son mariage
Difficile de dire comment s’est passée cette journée du 3 mai 1902. Où ont-ils fêté la noce? Je n’en sais rien et ne le saurai jamais. Mais il reste malgré tout une photo (colorisée pour l’occasion) qui a immortalisé ce moment! La famille et les amis sont présents autour des mariés. J’ai pu en identifier certains. Les autres resteront des inconnus ou des suppositions.
De gauche à droite, au premier rang : inconnue, Victoire Genty (mère de Jeanne), Adolphe, Jeanne, Hermance Corne (mère d’Adolphe), René Valton (fils de René Valton, neveu d’Adolphe), Marie Goislard ? (grand-mère maternelle d’Adolphe), Alice Debout (sœur de Jeanne).
Au deuxième rang : Sylvain Debout ? (grand-père de Jeanne Debout), Eugène Lemaire ? (témoin), Henri Debout (frère de Jeanne), inconnue, inconnu en uniforme, inconnue, Alexandre Larchevèque (mari d’Alice Debout).
Au dernier rang ; Louis Debout (père de Jeanne), Georges Valton (frère d’Adolphe), Mélanie Gourdet ? (épouse de René Valton), Valentine Valton (fille de René Valton, nièce d’Adolphe), René Valton (frère d’Adolphe), Thérèse Adancourt ? (épouse de Camille Corne) , Camille Corne (oncle d’Adolphe), Suzanne Debout (sœur de Jeanne).
4 – Son décès
Adolphe est décédé le 22 décembre 1914 dans l’ambulance qui le conduit vers l’hôpital de Sainte-Ménéhould. Adjudant-chef à la 7e compagnie du 36e régiment territorial d’infanterie, il a été touché au thorax alors qu’il conduisait des travaux de tranchées dans le bois de la Gruerie.
L’acte de décès est dressé par Célestin Zante, officier d’administration de 2ième classe sur la déclaration du caporal Joseph Coquerel et d’Emile Coconnier de la 2e section d’infirmiers militaires. Le dit acte sera transcrit le 20 mars 1915 à Saint-Maur-des-Fossés ou résidait Adolphe. Il y est inhumé dans le carré militaire du cimetière Rabelais.
Tombe d’Adolphe Valton – Archives personnelles
5 – Son passé militaire
Adolphe réside à Paris l’année de ses 20 ans, il est enregistré sous le numéro matricule 436 au 3e bureau et fait parti de la classe 1896. Il est incorporé comme soldat de seconde classe le 15 novembre 1897 au 79e régiment d’infanterie à Coulommiers. Il est nommé caporal le 26 juin 1898 puis sergent fourrier le 16 mars 1899. Adolphe est envoyé en congé le 22 septembre 1900 et a reçu un certificat de bonne conduite. Il passe dans la réserve de l’armée active le 1ier novembre 1900.
Du 16 mai au 12 juin 1904, Adolphe accompli une période d’exercices au 76e régiment d’infanterie. Il en accomplie une deuxième dans le même régiment du 16 au 26 août 1907 puis du 27 août au 15 septembre 1907 au 138e régiment d’infanterie. Il est nommé adjudant de réserve le 25 novembre 1907 et est affecté au régiment d’infanterie de Coulommiers.
Adolphe passe dans l’armée territoriale le 1ier octobre 1910 et accompli une 3ième période d’exercices du 3 au 12 mai 1912 au 36e régiment territorial d’infanterie. Rappelé à l’activité le 1ier août 1914, il arrive au corps le 3 août. Il est nommé adjudant-chef le 1ier décembre 1914. Le 22 décembre, Adolphe est blessé à l’ennemi et décède le jour même.
6 – Adolphe dans la presse
On peut dire qu’Adolphe apparaît dans la presse, mais pas nominativement. En effet, dans la Gazette de L’Est du 17 novembre 1918, il est écrit qu’Albert Thomas, maire de Champigny, député de la circonscription et ancien ministre, présidera le 24 novembre une cérémonie patriotique organisée par la municipalité de Saint-Maur pour honorer la mémoire les soldats morts pour la France. Un cortège se rendra au cimetière Rabelais, où est inhumé Adolphe.
Monuments aux morts du cimetière Rabelais – Gallica
7 – L’histoire et Adolphe
Adolphe a « connu » 8 présidents de la République : Patrice de Mac-Mahon (1873-1879), Jules Grévy (1879-1887), Sadi Carnot (1887-1894), Jean Casimir-Perier (184-1895), Félix Faure (1895-1899), Emile Loubet (1899-1906), Armand Fallières (1906-1913) et Raymond Poincaré (1913-1920).
Il habitait Paris, lors de la première représentation privée du Cinématographe Lumière le 22 mars 1895. Alors qu’il accomplissait son service militaire, il s’est peut-être intéressé à l’Affaire Dreyfus et lu l’article de Zola « J’accuse » paru le 13 janvier 1898 dans l’Aurore. Il a malheureusement connu la Première Guerre mondiale.
8 – Son niveau d’instruction
Selon sa fiche matricule, Adolphe avait un degré d’instruction générale égal à 3. Cela veut dire qu’il possédait une instruction primaire plus développée par rapport au fait de juste savoir lire et écrire. Je n’en sais pas plus. Un petit témoin de son écriture sur une carte postale envoyée à sa belle-mère lors d’une de ses périodes d’exercices.
9 – Son environnement géographique
Adolphe a vécu dans un environnement principalement urbain. Choisy-le-Roi, où il est né, qui comptait plus de 5 000 habitants en 1876, Thônes en Haute-Savoie avec près de 3 000 âmes en 1886, Saint-Maur-des-Fossés où il y avait pratiquement 34 000 habitants dans les années 1910 et aussi Paris dont la population dépassait les 2 millions à la fin du 19e siècle.
Archives départementales Paris, Haute-Savoie et Val-de-Marne
10 – Ses déplacements
Les premiers déplacements d’Adolphe étaient rythmés par les déménagement de ses parents. Choisy-le-Roi, Paris, boulevard de Ménilmontant et boulevard de Picpus, puis à Thônes où son père avait été engagé comme contremaitre à l’usine de chapellerie des frères Agnelet. Dans les années 1990 il de nouveau à Paris dans le 3e puis dans le 11e. Il s’éloigne de temps en temps de la capitale pour aller à Coulommiers dans le cadre de son service militaire et ses périodes d’exercices. Un de ses derniers déplacements est de déménager toute sa famille à Saint-Maur-des-Fossés avant de partir en Argonne ou il tombe au combat.
Lieux de résidence d’Adolphe à Paris – Garnier Pocket Map or Plan of Paris (Wikipédia)
11 – Ses moyens de déplacements
A vrai dire, je n’en ai aucune idée et je ne peux faire que des suppositions. Le train pour les longues distances? Lorsqu’il vivait à Paris au début du 20e siècle peut-être a-t-il utilisé le nouveau moyen de transport inauguré le 19 juillet 1900 : le métropolitain. Les omnibus à chevaux ou à moteurs? Ou alors tout simplement, à pied!
12 – Son premier métier
Je ne sais pas si c’est son premier métier mais c’est celui qui est marqué sur sa fiche matricule en 1896 : employé de commerce. Dans quel commerce? Quelles étaient ses taches dans cette fonction? Je n’en sais rien!
13 – Ses autres métiers
Adolphe a-t-il exercé un autre métier? Sur son acte de mariage en 1902 et sur les actes de naissance de ses enfants en 1903 et 1906, il a pour profession : comptable. Mais en 1909, lors de la naissance de son dernier enfant, il redevient employé de commerce. Peut-être était-il employé dans un commerce en tant que comptable?
14 – Adolphe dans les recensements
Adolphe n’apparaît dans aucun recensement! Etant donné que les recensements à Paris commencent en 1926, je ne risquais pas de trouver quelque chose…. A Thônes, pas de chance! Un seul recensement en ligne, celui de 1861. Il n’ y rien sur Saint-Maur-des-Fossés non plus, car Adolphe et sa famille y ont habité à partir de 1912. En revanche, son épouse et ses enfants sont dans ceux réalisés après la guerre. C’est une petite consolation!
15 – Le parler de sa région
Adolphe a vécu la grande majorité de sa vie à Paris. Je suppose qu’il avait probablement ce qu’on appelle « le parler parisien » qui est la forme locale du français parlé à Paris. Mais avait-il alors cet accent si populaire que l’on associe généralement aux quartiers de l’Est parisien, alors qu’il habitait dans les quartier de Belleville ou Ménilmontant?
Quelle chance d’avoir ces photos de mariage !