Un jour, ils sont partis de l’endroit où ils vivaient. Certains à quelques centaines de kilomètres et d’autres à plusieurs milliers. Certains seuls et d’autres avec leur famille. Les raisons ? Elles peuvent être multiples. L’idée que l’herbe est plus verte ailleurs, le désir d’aventures, une passion, un besoin professionnel, l’exode… Un ChallengeAZ qui prend des airs de globe-trotter avec 26 individus qui ont eu la bougeotte à un moment de leur vie!
Antoine Berton (1709-1774), sosa 1010, de Lyon au Gosier
Antoine Berton a vu le jour le 10 août 1709 à Lyon, paroisse Saint-Nizier. Il est le fils de Mathieu et d’Antoinette Nallet et est baptisé le lendemain. Antoine a déjà 3 frères et sœurs et aura encore 3 autres frères par la suite. Son père, tout comme son grand-père paternel, exerce dans la restauration en tant que traiteur et aubergiste.
L’année 1735 est probablement marquante pour Antoine, car il perd ses 2 parents et assiste avec un de ses frères à leur inhumation en juillet et en décembre. On le retrouve 5 ans plus tard, sur les quai de la Loire à Nantes. Selon les ordonnances du Roi du 13 septembre 1740, il est permis à Charles Dormet, capitaine du navire le Saint-Pierre allant à la Guadeloupe, d’embarquer Antoine à son bord. Le bateau quitte Nantes le 30 septembre et après une escale à Cork du 7 octobre au 21 décembre 1740, arrive à Pointe-à-Pitre le 6 février 1741.
Antoine réside depuis plus de 10 ans en Guadeloupe quand il se marie. Le 27 février 1753 il épouse, au Gosier, Anne Bonnet âgée de 33 ans. Celle-ci est native de l’île où sa branche paternelle est installée depuis de nombreuses années. C’est lors de la lecture de l’acte de mariage que l’on découvre qu’Antoine est conseiller du Roi et son procureur en la juridiction royale de Guadeloupe. Le couple va avoir 5 enfants entre 1754 et 1761.
En octobre 1773, Antoine et Anne marient leur fille Anne Elisabeth. Lui ne verra pas naître ses petits-enfants, il décède 3 mois plus tard et est inhumé le16 janvier 1774 au Gosier.
A la naissance de sa fille Anne Elisabeth en 1757, Antoine n’est plus en fonction. En effet, il est indiqué comme «ancien conseiller» dans l’acte de baptême. On peut penser qu’après plusieurs années au service de son roi, ce dernier l’a libéré de sa charge. Il n’en est rien! Antoine a été révoqué le 26 mai 1756 pour prévarications. En d’autres termes, pour un grave manquement aux devoirs de sa charge. De quoi s’agit-il exactement? Un petit résumé de l’affaire.
Antoine et un juge du nom de Thiebault étaient déjà visés par des plaintes de leurs justiciables pour leur conduite. Ils ont été alors avertis par leur hiérarchie d’en changer et d’exercer leur fonction avec plus de droiture et de dignité. Visiblement, ils n’en n’ont pas tenu compte et c’est une procédure menée à la suite d’un meurtre qui a conduit à leur révocation.
En mars 1754, un esclave du sieur Le Blond, conseiller au parlement de Guadeloupe, a été assassiné. Ce dernier a mené des recherches pendant plusieurs mois pour découvrir les coupables. Celles-ci ont désigné 2 mulâtres avec qui la victime s’était battue. Afin d’obtenir justice, Le Blond a donc transmis tous les résultats de ses recherches au procureur Berton.
Thiebault et Berton ont alors négligé toute l’instruction qui a suivi. Ils n’ont pas entendu les témoins cités par les recherches de Le Blond mais ceux des propriétaires des 2 individus mis en cause avec qui ils s’étaient liés d’amitié. Le jugement rendu a été en faveur des accusés qui ont été reconnus non coupables, et Le Blond a été condamné à régler les frais du procès. Évidement, celui-ci n’a pas été satisfait de cette sentence et a porté l’affaire au procureur général. Ce dernier a jugé que l’instruction menée par le juge et le procureur n’était que négligences, nullités et irrégularités, et de ce fait a révoqué les 2 hommes pour prévarications.
Sources & crédits
La Guadeloupe Pittoresque d’Armand Budan – Vue panoramique du port et de la ville de Pointe-à-Pitre (1863)
Patrimoine de Lyon- Eglise Saint-Nizier
Archives municipales de Lyon – 1GG63 Vue 108/180
Archives départementales de la Loire-Atlantique – C1322 Octobre 1741
Archives nationales d’outre-mer
Archives nationales d’outre-mer – Secrétariat d’Etat à la Marine – Correspondance à l’arrivée de la Martinique (1635-1815) COL C8 A 61 F° 116
Quelle histoire ! Ce challengeAZ plein d’aventures va être passionnant.
Merci Bérénice 😊 J’espère que les autres ancêtres seront aussi passionnants 😉
Un Challenge qui commence fort, que ce soit pour le nombre de kilomètres parcourus ou pour le destin de l’individu en question !
Merci Christelle 😊 c’est sûr que d’aller aux Antilles aide bien pour le nombre de km 🤣
La révocation est juste, d’autant qu’il avait pris un mauvais chemin.
Oui visiblement il s’était bien mal entouré.
Waouh ! Quelle entrée en matière ! La recherche et la découverte de tous ces documents pour retracer le parcours d’Antoine ont dû être passionnantes…comme la lecture de ce premier billet.
Merci Béatrice 😊 j’ai eu pas mal de chance mais pas sûr que ça le cas pour tous 🤔
Ce départ de Lyon, Saint-Nizier me donne envie de le suivre …
Il n’y plus qu’à 😊
Un exil exigé par la fonction occupée par Antoine. Mais avec des abus, quelle tristesse !
Il avait été prévenu et il n’en a pas tenu compte…
Quel parcours ! J’aime ces récits d’exil, toujours passionnants. Ici, l’issue n’est pas très heureuse, mais quel trésor quand on trouve ce genre de documents pour étayer nos généalogies 😊
C’est une chance, c’est vrai. On peut espérer qu’il y a eu une rédemption par le suite 🤔