En septembre, quoi de plus normal pour Geneatech de proposer la rentrée comme Genéathème. L’avantage de ce thème est qu’il est relativement vaste, car il permet de parler, entre autre, du parcours d’un(e) enseignant(e), de la scolarité d’une(e) élève, ou encore d’un établissement scolaire.
En ce qui me concerne la choix n’a pas été très difficile! En effet, bien qu’il y ait, dans l’arbre familial, quelques maîtres d’école et recteurs ayant exercé au 18e siècle dans la Marne et le Loiret, je ne pouvais pas aborder ce thème sans parler, à l’aide des écrits de mon beau-père et de son frère, de Jeanne Marguerite Marie Rivoal, la sosa 13 de mes enfants, qui fut institutrice de 1924 à 1965.
Vendredi 1ier octobre 1937. C’est la rentrée. Après 2 mois et demi de vacances, les élèves vont retrouver leur classe. A Nantes, ceux de l’école Emile Péhant, dans la rue du même nom, vont découvrir qu’il y a une nouvelle institutrice cette année. Madame Jeanne Maillard née Rivoal, une Normande âgée de 33 ans et qui enseigne depuis plus de 10 ans.
Jeanne Marguerite Marie Rivoal est née le 27 octobre 1904 à Moult, petite commune du Calvados de 600 habitants, située à une vingtaine de kilomètre de Caen. Son père Pierre Marie, âgé de 29 ans, est gendarme à cheval (voir Gendarme à cheval du ChallengeAZ 2021) en poste dans la commune et sa mère Marie Eugénie Appoline Godet, âgée de 27 ans, est couturière. Jeanne a une grande sœur et aura par la suite un frère et une autre sœur.
En 1908, le père de Jeanne est promu brigadier et est affecté à Grainville-Langannerie, une commune située entre Caen et Falaise. C’est donc ici, que notre future institutrice commence sa scolarité dans l’école primaire élémentaire, et en juin 1916, elle obtient son certificat d’étude primaire. Elle poursuit ses études à l’école primaire supérieure de Falaise dans le cadre de l’enseignement primaire supérieur (l’ancêtre du premier niveau de l’enseignement secondaire dans les collèges). Un trouble ophtalmique la contraint d’observer un repos complet le premier semestre 1918 ce qui l’oblige à redoubler la deuxième année. Elle obtient le brevet élémentaire en 1921 et entre la même année à l’École Normale d’institutrices de Caen. Jeanne termine ses étude en 1924, elle est institutrice.
C’est dansune commune du bord de la Manche, à Houlgate que Jeanne débute sa carrière d’institutrice. Elle occupe son premier poste de 1924 à 1926 avec 403 francs pour salaire mensuel et 5 francs d’indemnités de bain de mer.
En 1926, Jeanne est nommée à Blainville, en périphérie de Caen, où elle retrouve sa famille. En effet, son père étant retraité de la gendarmerie depuis 1922, a pris un poste de gardien aux chantiers navals de Blainville. C’est ainsi que Jeanne rencontre un jeune briéron venu y travailler, comme traceur, avec toute sa famille et qui est bien évidemment le sosa 12 de mes enfants : Pierre Marie Alexandre Maillard. Ils se marient le 19 avril 1927.
Le 15 juillet 1935, Pierre cesse ces fonctions de dessinateur au bureau d’études des chantiers du fait de la fermeture de ces derniers. C »est la dernière année d’enseignement pour Jeanne à Blainville.
A la rentrée 1935, elle est nommée à Sainte-Pazanne, dans le Pays de Retz, tandis que Pierre travaille aux chantiers de la Loire à Nantes. Jeanne ne se trouve pas à l’aise dans ce village, où la querelle scolaire est restée très vive entre l’enseignement laïque et l’enseignement catholique. C’est probablement là que le curé lui a dit que «de l’école publique il ne sort que des filles mères et des assassins». Elle est en poste jusqu’en 1937, avant d’obtenir sa mutation à Nantes. En septembre 1937, Jeanne et sa famille emménage rue des 3 croissants à Nantes et début octobre elle prend son poste à l’école Emile Péhant dans le centre ville de Nantes.
C’est dans cette école que Jeanne va faire le reste de sa carrière, a une exception près, pendant l’année scolaire 43-44. Le 16 septembre 1943, une centaine de forteresses volantes américaines, visant le port et la gare, bombardent à haute altitude la ville de Nantes. Une semaine plus tard, le 23, 2 nouveaux raids, détruisent une partie du centre-ville et le port. Le grand magasin Decré, situé à 2 pas du logement de Jeanne et de Pierre, brule de haut en bas. Sous la menace de l’ incendie grandissant, Pierre évacue l’appartement en pleine nuit et met tous les meubles dans la rue. Par la suite, Jeanne s’installe à Sainte-Pazanne où elle est nommée ‘institutrice adjointe à l’école des garçons de la commune.
En 1962, Jeanne est récompensé de ses années d’enseignement et est nommée chevalier dans l’ordre des Palmes académiques.
Selon un arrêté ministériel du 30 juin 1965, Jeanne est admise à faire valoir sur sa demande ses droits à la retraite à la fin de l’année scolaire 1964-65. Le samedi 10 juillet 1965, après plus de 40 ans passés dans l’enseignement public, Jeanne quitte définitivement l’école Emile Péhant et cesse d’être institutrice.
Par la suite, sa vie se partage entre Nantes et Saint-Joachim en Brière, d’où Pierre est natif. Ce dernier s’éteint en 1975 et Jeanne le rejoint 11 ans plus tard. Ils reposent dans le cimetière de Saint-Joachim sur l’ile de Pendille.
Aujourd’hui, on admet sans réserves les difficultés du métier de professeur des écoles ou anciennement les instituteurs et institutrices. Mais était-ce mieux avant, comme certains aiment le dire? Pas sûr! En 1931, Jeanne reçoit une coup de pied d’une de ses élèves. Ce geste qui peut paraître sans gravité va avoir des grandes conséquences sur sa santé le long de sa vie. En effet, ce coup va provoquer une ostéomyélite aigüe et par la suite une septicémie ce qui va conduire Jeanne à être hospitalisée plusieurs fois et subir de nombreuses opérations.
Pour terminer, j’ai cherché sur le site Copains d’avant des photos de classe de l’école Emile Péhant avec l’espoir de découvrir Jeanne posant avec ses élèves. Malheureusement, ce ne fut pas le cas! Il y avait, toutefois dans les affaires familiales la photo d’une classe de jeunes filles, mais sans aucune indication de date et de lieu. S’agit-il d’écolières de Jeanne à Nantes? Avec un peu de chance, quelqu’un va se reconnaitre sur cette photo et pourra me dire ce qu’il en est…
Sources & crédits
France Bleue – L’éducation nationale vous parle
Archives du Calvados – École normale d’institutrices (ancien Palais des Ducs) 18FI/13
Archives du Calvados – Les 50 000 adresses du Calvados 1925
Archives du Calvados – Les 50 000 adresses du Calvados 1935
Ouest-France- En quête d’histoire. Nantes : quand les bombes détruisirent les magasins Decré
Bravo pour cet article de rentrée. Très sympa le curé de Sainte-Pazanne…🙃🙃
Merci Béatrice 😊 c’est sûr, on sent toute la bienveillance dans ces propos 😒
Que de jolies photos pour illustrer cet article ! J’aime tout particulièrement celle avec sa mère, ses sœurs et son frère 😍
Merci Christelle, je suis entièrement d’accord avec toi 😊