Brèves d’infos est un journal éphémère créé spécialement pour le ChallengeAZ 2024. Il paraît tous les jours du mois de novembre 2024 sauf le dimanche. L’édito journalier porte sur un drame, un instant de gloire, un choix de vie ou un acte héroïque. Les protagonistes de ces moments sont la plupart du temps des cousin(e)s plus ou moins éloigné(e)s ou leurs conjoints. 26 numéros de Brèves d’infos qui mettent en avant des faits dans la vie de ces individus et qui passent inaperçus à la lecture seule des actes d’état-civil les concernant.
Pour commencer, un petite question qui pourrait figurer dans les cartes du «Trivial Pursuit» ou les fiches du présentateur d’un célèbre jeu de la 3e chaîne. Savez-vous quand a eu lieu le dernier duel en France? Vous avez 15 secondes! Pour ceux qui ont séché, la réponse est 1967 ! Le 21 avril pour être précis. Il y a moins de 60 ans. Pour ma part, j’étais resté à l’époque des 3 mousquetaires, c’est-à-dire plus de 300 ans avant, lorsque D’Artagnan se retrouvait à devoir en disputer 3 face à Athos, Porthos et Aramis! Maintenant, la question subsidiaire. Qui étaient les duellistes? Des hommes politiques que les moins de 20 ans, si ce n’est plus, ne peuvent pas connaître. Gaston Deffere, ancien maire socialiste de Marseille, et René Ribière, député gaulliste. Le motif? Le premier a traité le second d’abruti! Comme Gaston refuse de retirer son injure, René ne peut que lui envoyer ses témoins. C’est Gaston qui remporte ce duel d’honneur à l’épée face un adversaire qui à vrai dire n’est pas très expérimenté. Je préfère vous rassurer, René n’a pas été tué. Maintenant, pourquoi ce petit laïus? Pour en venir tout simplement à Louis Henri Bemelmans qui, 70 ans auparavant, en est venu à la même extrémité et pour une raison tout aussi puérile.
Encore un Bemelmans! Je sais, mais quand on aime, on ne compte pas et je préfère vous prévenir que ce n’est pas fini. Louis Henri est né le 25 août 1875 à Saint-Thibault-des-Vignes, en Seine-et-Marne, de Victor, qui pour une fois n’est pas garde-chasse mais marchand de vin, et de Clémence Cauvain. Il est le 7e enfant du couple qui va en compter 14. A 20 ans, Louis Henri s’engage et c’est le début d’une longue et glorieuse carrière militaire. Il est successivement nommé brigadier en 1896, puis maréchal des logis en 1897. Louis Henri est admis en 1900 à l’école militaire d’artillerie et de génie. Sous-lieutenant en 1901, lieutenant en 1903, puis capitaine en 1909, il est promu chef d’escadron en 1919. Il participe aux campagnes de Madagascar entre 1902 & 1907, de Cochinchine de 1910 à 1913 et bien évidemment à celle contre l’Allemagne de 1914 à 1919. Louis Henri est aussi cité 2 fois à l’ordre du régiment en 1916 & 1918. Enfin pour terminer, il est aussi fait chevalier de la Légion d’honneur en 1916, puis officier en 1924. Un sacré CV on peut dire. Côté vie personnelle, c’est un peu plus calme mais on peut le comprendre au vu de ce que je viens d’énumérer. Il a 45 ans quand il est autorisé par le général commandant du Corps d’armée colonial à se marier avec Marie Louise Peron, le 13 novembre 1920 à Montreuil, en Seine-et-Oise. A ma connaissance, le couple n’a pas eu d’enfants.
Comme nous l’avons vu pour Gaston et René, le duel est considéré depuis belle lurette comme un moyen de laver son honneur ou de mettre fin à une querelle. Il n’est a priori pas réprimé par la loi, sauf si un des 2 duellistes meurt ou est blessé. Dans le premier cas, le vainqueur est accusé de meurtre et dans le second, il peut être poursuivi pour coups et blessures. Moralité, on peut se battre en duel mais il ne faut pas que cela finisse trop mal. Alors, qu’est-ce qui a poussé Louis Henri, quelques jours avant Noël 1898, à affronter dans un duel un de ses compagnons d’arme? Une simple moustache!
En 1898, Louis Henri est basé à la caserne Frébault située à Lorient. Comme rien n’empêche l’autre, en plus d’être militaire, Louis Henri a aussi l’âme d’un artiste. Il dessine et à l’aide de bâtonnets de fusain, il fait le portrait d’une demoiselle prénommée Louise, que l’on peut éventuellement considérer comme sa bonne amie. On a généralement tendance à croire que les militaires sont rigides et stricts, mais ils peuvent être aussi espiègles. Le sous-officier Berger en est la preuve. Ainsi, il orne le portrait de Louise d’une pilosité disgracieuse et généreuse au-dessus de ses lèvres. Qui sait s’il ne voulait pas que le portrait soit au plus près de la réalité? Mais même si c’était le cas, cela ne plaît pas du tout à Louis Henri. Contrarié, il gifle l’impertinent barbouilleur. A partir de là, c’est une question d’honneur qui ne peut être réglée que par un duel. Le 21 décembre, à une heure de l’après-midi, l’offenseur et l’offensé se retrouvent l’épée à la main pour en découdre. Au bout du compte, l’honneur de Louise est sauvé puisque Louis Henri remporte le combat en blessant l’outrageux Berger à la main.
Je ne saurai probablement jamais qui était cette demoiselle Louise, qui fut à l’origine du duel. J’ai cru un instant le découvrir en voyant que Marie Louise Peron, la femme de Louis Henri était née à Lorient. Toutefois, au moment des faits, celle-ci était âgée de 9 ans, ce qui me semble un peu léger pour qu’il s’agisse d’elle. Enfin, quand je vois le motif du duel entre les 2 députés en 1967, et les noms d’oiseaux qui peuvent circuler dans l’Assemblée nationale à notre époque, je me dis qu’il y aurait matière à voir fleurir quelques duels dans les jardins parisiens.
Sources & Crédits
Wikipédia – René Ribière – Le duel
Archives nationales – Base de données Léonore Louis Henri Bemelmans Notice L0175066
PodCloud – Le duel est-il autorisé en France ?
Archives Départementales du Morbihan – Le Nouvelliste du Morbihan du 25 décembre 1898
Le Figaro Histoire – Il y a cent ans : un duel à l’épée entre deux novices
Ça c’est original ! Un duel et un militaire artiste, il fallait l’inventer !
On trouve de tout chez les militaires 😅
J’ai envie de savoir qui est Louise !!!
J’aimerais aussi 😊
Mais franchement, quelle immaturité, on se croirait dans une cour de récréation, M »sieur, il a mis une moustache à ma copine ! (N’empêche, j’aurais bien aimé voir ce portrait !) 😉
Tous les moyens sont bons pour mettre un peu d’animation 😅
Double « M » pour une Moustache et une Main blessée
Bien vu 👍
Les grands gamins 😊 Dommage que le grand journaliste d’investigation ne se soit pas procuré l’œuvre en question pour illustrer sa brève.
Pas faute d’avoir essayé 😅 mais je te laisse imaginer le nombre de Louise sur Lorient à cette époque 🤣
La « Moustache », un symbole de virilité en son temps, mais pas au nez des femmes.
Sinon les barbus se fâchent ! Quelle histoire !
Pas faux 😉
Maintenant, ce serait tous les jours, si ce n’est plusieurs fois par jour, qu’il y aurait des duels avec les parlementaires actuels !
C’est sûr 😅