Un jour, ils sont partis de l’endroit où ils vivaient. Certains à quelques centaines de kilomètres et d’autres à plusieurs milliers. Certains seuls et d’autres avec leur famille. Les raisons ? Elles peuvent être multiples. L’idée que l’herbe est plus verte ailleurs, le désir d’aventures, une passion, un besoin professionnel, l’exode… Un ChallengeAZ qui prend des airs de globe-trotter avec 26 individus qui ont eu la bougeotte à un moment de leur vie!
Antoine Laemmel (1843-1899), sosa 42, de Wilwisheim à Paris
Dans le ChallengeAZ, il y a certaines lettres qui sont un peu plus ardues que d’autres. Le W en fait partie en règle générale. Pour une fois, je n’ai pas eu trop de problèmes, et cerise sur le gâteau, dans Wilwisheim, j’en ai 2 pour le prix d’un. Que demander de plus, alors! Maintenant, quand on lit Wilwisheim, on se doute de quelle région est issu l’ancêtre voyageur. L’Alsace, bien évidemment. L’Alsace que j’ai découverte pour la première fois quand les trains des PTT dans lesquels je triais le courrier m’emmenaient à Strasbourg. Par la suite, j’ai particulièrement apprécié cette région pendant la période des fêtes de fin d’année où l’ambiance est festive et chaleureuse.
Antoine Laemmel fait partie d’une longue lignée de tonneliers installés à Wilwisheim depuis le début du 18e siècle. En effet, son bisaïeul, Lorentz Lemmel, originaire de Ettendorf, s’est marié le 15 juillet 1721 à Wilwisheim et s’y est fixé. Antoine, lui, y est né 122 ans plus tard. Le 1ier juillet 1843, Joseph Laemmel, tonnelier, époux de Barbe Fritsch, déclare la naissance de leur fils Antoine. Il est le 3e enfant du couple, qui en aura 8 au total et que des garçons!
L’enfance d’Antoine se déroule à Wilwisheim, au mois jusqu’à ses 12 ans, puisqu’à partir de 1861, il n’apparaît pas dans la composition du foyer, ni dans la commune dans le recensement de cette année-là. Il n’est pas non plus dans celui de 1866 peut-être du fait de la conscription. De toute façon, je n’en saurai rien à ce sujet car il n’y a pas d’états signalétiques et de service avant la classe 1894 pour le Bas-Rhin…C’est donc en 1869 qu’Antoine, tonnelier de son état, fait sa «réapparition» à Wilwisheim. Le 1ier septembre il s’unit avec Sophie Elise Marie Besson, âgée de 18 ans, en la maison commune de la ville. Bien que résidente à Ingenheim, ville limitrophe de Wilwisheim, Sophie et Antoine se sont probablement connus dans leur jeunesse car elle y a vécu quand son père était chef poseur pour le chemin de fer.
Visiblement, Antoine et Sophie ont fait un peu plus que se fréquenter avant le mariage, puisque 2 mois après, le 2 novembre, Sophie donne naissance, à Wilwisheim, à une petite fille qu’ils prénomment avec beaucoup d’imagination : Sophie Antoinette. Le couple s’installe dans la commune voisine, Lupstein, où Antoine ne fabrique plus des tonneaux mais fait plutôt en sorte de vendre leur contenant : il est cabaretier. 3 autres enfants vont naître dans la commune : Marie Elisabeth Gabrielle en 1871, Elisa en 1874 et Antoine en 1875. Ce dernier décèdera en bas âge.
Comme chacun sait, en 1871, après la fin de la guerre franco-prussienne, la France perd l’Alsace et la Moselle, et ceux qui y sont nés doivent alors choisir entre la nationalité française et la nationalité allemande. Selon l’article 2 du traité de Francfort signé le 10 mai 1871, les «Français» qui décident de conserver leur nationalité doivent se fixer en France et faire une déclaration dans ce sens avant le 1ier octobre 1872. Antoine a fait son choix : il quitte Lupstein avec toute sa famille et s’en va rejoindre sa belle-mère, Marie Louise Schoeffler, qui réside à Cirey-sur-Vezouze, en Meurthe-et-Moselle. Le 16 juillet 1872, Antoine déclare opter pour la nationalité française et entend la conserver. Cette déclaration vaut aussi pour Sophie Antoinette et Marie Eisabeth Gabrielle dont il est le représentant légal. Sa femme, Sophie, elle, n’est pas concernée, étant née à Liverdun en Meurthe-et-Moselle.
Logiquement, opter pour la nationalité française signifiait quitter son lieu de vie et sa famille. Toutefois, un certain nombre d’optants restèrent, tandis que d’autres partirent puis revinrent. C’est ce qu’a fait Antoine, puisqu’au bout du compte, il est revenu à Lupstein où sont né ses 2 derniers enfants. Alors pourquoi ce départ vers Paris à la fin des années 1870. Le décès de son fils? La mort de son père en 1878? Le fait de résider dans une région qui n’était plus française? L’attrait de la capitale et toutes les opportunités qu’elle pouvait apporter? Tant de questions qui vont rester sans réponses…
Antoine et sa famille vont tout d’abord habiter à Ivry-Port avant d’emménager avenue Daumesnil dans le 12e. Il va reprendre son premier métier et se remet à faire des tonneaux. Antoine a 55 ans quand il s’éteint le 7 janvier 1899 à son domicile. Il est alors inhumé le lendemain au cimetière d’Ivry.
En 1872, les enfants de Joseph Laemmel, le père d’Antoine, n’ont pas tous fait le choix d’opter pour la nationalité française. Sur les 6 frères d’Antoine, 3 ont opté pour, dont 2, étant mineurs, l’ont fait via la déclaration de Joseph. De plus, la femme de Joseph et mère d’Antoine, a visiblement choisi de ne pas conserver la nationalité française aussi. Simple constat à cette époque troublée.
Sources et crédits
Gallica – Uebersichtskarte der Gemarkung Wilwisheim, Kreis Strassburg-Land 1918
Archives départementales du Bas-Rhin
Archives de Paris
L’Alsace, l’Allemagne et la Pologne, grands pourvoyeurs de W 🤣. Temps troublés en effet et demander aux gens de choisir entre leur nationalité et leur village…
Très pratique en vérité car c’est vrai que les W ne courent pas les rues 😉
C’est vrai que le départ pour Paris interroge dans ce parcours … Les communes pleines de W qui se terminent par eim me font fuire. J’ai toute une branche a peine explorée par là bas 😊
Des W et des eim 😳 qui sait s’il n’y a pas un cousinage qui se cache par là-bas 😅